Vérole (La)
L’autre jour à la consultation,
Le toubib, un vieux à l’air antique,
Après m’avoir farfouillé le con,
M’a dit que j’étais syphilitique.
Les médecins, c’est comme les curés,
Faut bien les croire sur parole,
Mais vrai ç’ui là m’a sidéré
J’peux pas croire qu’c’est ça la vérole !
Ca a commencé par un bouton,
Qu’était situé tout près de l’autre :
Un peu plus dur, un peu plus rond,
Vrai grain de chapelet pour mes pat’nôtres.
Comme y m’chatouillait d’temps en temps,
Je m’gratouiilais, ça m’faisais tout drôle.
Ca m’a fait mouiller bien souvent,
J’peux pas croire qu’c’est ça la vérole !
Puis sur le corps il m’est venu
Toute une flopée de p’tites taches roses,
Qui contrastaient sur mon corps nu,
Avec la blancheur des aut’choses.
J’crois même qu’c’était plus joli :
Y en a bien qui s’foutent sur la fiole
Du cold cream et d’la poudre de riz,
J’peux pas croire qu’c’est ça la vérole !
Comme ça s’passait, j’ai constaté
Que par le bas c’était pas de même :
Quand dans la glace je m’suis regardée,
On aurait dit un vrai diadème.
Y en avait des ronds, des pointus,
C’est velouté quand on les frôle,
Ca fait trente six mamelons de plus,
J’peux pas croire qu’c’est ça la vérole !
Pour ceux, y en a de si dégoutants,
Qui désirent tout faire par derrière,
J’crois qu’c’est encore plus épatant :
Y a vraiment de quoi les satisfaire.
Mon anus c’est comme une fleur,
Une rose à triple corolle,
On l’effeuillerait avec bonheur,
J’peux pas croire qu’c’est ça la vérole !
L’autre jour, v’là qu’en batifolant,
J’ai vu qu’mon type, le môme Eugène,
Avait qué’quechose aussi maintenant,
Faut vraiment qu’on ait pas de veine :
C’est comme une pastille sur son gland,
On grille d’la sucer, ma parole,
C’est rond, c’est rose, et c’est charmant,
J’peux pas croire qu’c’est ça la vérole !
A l’hôpital où j’suis allée,
On m’a montrée à m’sieur l’interne,
Un grand gars à l’air déluré,
Qui m’a pelotée d’un air paterne.
Après m’avoir bien reluquée,
Pourtant à poil, je n’suis pas gnôle,
Il ne s’est même pas fait branler,
Ah oui, j’vois bien qu’j’ai la vérole.