Faut-il avoir du poil au cul ?
Faut-il avoir du poil au cul ?
Comment résoudre cette affaire ?
Les uns disaient : "C’est nécessaire."
Les autres : "C’est superflu."
Dans ce débat contradictoire,
Où rien encore n’est résolu,
La Bible, la fable ou l’histoire
Vont vous parler des poils au cul. (bis)
Adam, sans doute était velu,
Car cet insecte parasite,
Qui sur nos couilles fait son gîte,
Par un froid vif et morfondu.
Or Dieu, qui donna la pâture
A l’oiseau faible et peu vêtu,
Aux morpions, pour couverture,
Donna les poils de notre cul. (bis)
Ce fut David, sans poil au cul,
Qui, armé d’une simple fronde,
Mais d’une main que Dieu seconde,
Tua Goliath au cul velu.
Ceci nous prouve bien, je pense,
Que tout homme bien résolu
Doit compter sur la Providence
Plus que sur les poils de son cul. (bis)
Ce fut par un poil de son cul,
D’une longueur phénoménale,
Qu’au bout de la branche fatale,
Absalon resta suspendu.
Depuis ce trépas mémorable,
Tous les hébreux ont résolu,
Pour éviter un sort semblable,
De se raser les poils du cul. (bis)
Samson, qui certes était velu,
A vu, par une main traîtresse,
Avec le poil noir de sa fesse
Tomber sa force et sa vertu,
Sous les ciseaux qui le dépeuplent.
C’est ainsi que le sort des peuples
Tient, dit la Bible, aux poils du cul. (bis)
"Faut-il avoir du poil au cul ?"
Disait Hercule, aux pieds d’Omphale.
"Et que t’importe, ô ma vestale,
Un rouston plus ou moins velu."
Et, tout en découvrant ses couilles,
De poils lustrés, noirs et touffus,
Il enroula sur la quenouille
Cent écheveaux de poils du cul. (bis)
"Faut-il avoir du poil au cul ?"
Disait Thésée aux Amazones,
Après qu’à cent de ces personnes,
Sa pine au cul, il eut foutu.
Bandant encore, à la dernière,
Il dit : "Ma belle, qu’en penses-tu ?"
"Cré nom de Zeus !", dit la guerrière,
"Il faut avoir du poil au cul." (bis)
Au temps de nos rois chevelus,
Et de l’antique loi salique,
C’était un titre honorifique
Que de porter du poil au cul.
Mais notre siècle égalitaire
A réformé tous ces abus,
Et maintenant le prolétaire,
Peut se payer du poil au cul. (bis)
"Faut-il avoir du poil au cul ?"
Vous connaissez tous la pucelle,
Et certes ce fut bien par elle
Que les anglais furent vaincus.
A la vue de son oriflamme,
Tous les anglais au cul velu
Ont foutu l’camp devant une femme,
Qui n’avait pas de poil au cul. (bis)
"Faut-il avoir du poil au cul ?"
Disait Henri au duc de Guise.
Mais celui-ci, qui le méprise,
A la question n’a répondu.
Pour lors, le roi, dans sa colère,
S’écria : "Je veux qu’on le tue.
Nous pourrons voir, de cette manière,
Voir s’il avait du poil au cul." (bis)
Avaient-ils donc du poil au cul,
Quand, pris d’une ardeur toute antique,
A l’appel de la République,
Femmes et vieillards sont accourus.
Armés d’une ardeur sans pareille,
Jusqu’aux enfants tous s’sont battus,
Car la valeur, a dit Corneille,
N’a pas besoin de poils au cul. (bis)
"Faut-il avoir du poil au cul ?"
Disait, au pied des pyramides,
A ses soldats intrépides,
Un général, de tous connu.
Jamais français, dans la bataille,
Fût-il vainqueur, fût-il vaincu,
A l’ennemi, sous la mitraille,
N’a montré les poils de son cul. (bis)
"Faut-il avoir du poil au cul ?"
Disait au bon Monsieur Fallières
Un attaché très militaire,
Qui portait un casque pointu.
Alors l’homme, à La Vallière,
Lui dit : "Soyez bien convaincu,
Les français, si survient la guerre,
Vous botteront les poils du cul." (bis)
Ce fut par un poil de son cul,
Dégraissé pour la circonstance,
Que l’hydromètre fut, en France,
Par De Saussure suspendu.
Ceci prouve, à l’évidence,
Que tout français, chauve ou poilu,
Doit préserver pour la science
Le plus long des poils de son cul. (bis)
"Faut-il avoir du poil au cul ?"
Nous avons, en cette rencontre,
Pesé le pour, pesé le contre,
Et rien encore n’est résolu.
Mais un avis, que je crois sage,
Que rien encore n’a combattu,
C’est qu’il vaut mieux, pour son usage,
Un cul sans poil, qu’un poil sans cul. (bis)